Soutenance de thèse : Simon GUINEBAUD

Ouvrage majeur du patrimoine militaire de la Bretagne, les fortifications urbaines de Dinan se distinguent, aux époques moderne et contemporaine, par une importance toujours renouvelée : stratégique d'abord, carcérale ensuite, patrimoniale enfin, à l'origine d'une attention qui se caractérise par des travaux d'entretien ou de modernisation réguliers, alors même que tant d'autres cités fortifiées sont démantelées par le pouvoir ou font volontairement tomber leurs murailles aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. En s'appuyant sur un corpus de sources renouvelées et en grande partie inédites, cette thèse se fixe pour objectif de dépasser l'approche historiographique traditionnelle à dominante médiévale et archéologique, pour proposer une mise en perspective de l'enceinte dinannaise, au-delà de sa seule fonction défensive ou du prisme de l'architecture militaire. Pour cela, un temps long a été privilégié, encadré par deux dates à haute portée symbolique : le 8 août 1488, les Dinannais capitulent face aux troupes du roi de France, remettant ainsi partiellement en cause les logiques fonctionnelles de la frontière des marches de Bretagne ainsi que le rôle de la place de Dinan pour cette même frontière ; quatre siècles plus tard, le 12 juillet 1886, à l'issue de deux décennies de luttes partisanes autour de la conservation ou de la destruction de la porte de Brest, l'État décide de confirmer par arrêté le classement de la totalité des remparts de Dinan au titre des monuments historiques.

Désormais contextualisée, l'enceinte urbaine de Dinan révèle des enjeux multiples - politiques, financiers, juridiques, culturels - qui influencent considérablement les évolutions de la cité de la fin du XVe à la fin du XIXe siècle. Parallèlement, ce travail permet également de réinterroger l'importance de Dinan à l'échelle des villes bretonnes pour l''époque moderne tout en ouvrant divers champs de réflexions en histoire politique, culturelle ou sociale, susceptibles d'intéresser l'étude des petites et moyennes cités fortifiées à l'échelle du royaume de France. Enfin, cette thèse apporte surtout des réponses à une problématique complexe et surtout bien actuelle que rencontrent, au-delà de l'exemple dinannais, de nombreuses villes à remparts : la question de la propriété des anciennes fortifications urbaines.