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Soutenance de thèse de Julien LONG
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Le 20 mai 2025Campus Tertrefalse false
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Château du Tertre
Salle 104
Le CRHIA a le plaisir d'annoncer la soutenance de thèse de Julien LONG, doctorant en Histoire contemporaine et Sociologie.
Titre : « Boza ! Brûler les mers et les déserts pour conjurer le destin »
« Des jeunesses des suds en déplacement et l’évolution de la configuration institutionnelle en protection de l’enfance en Seine-Saint-Denis – 1989 à 2019 »
Composition du jury :
Résumé :
« Cette thèse explore la genèse et l’institutionnalisation de la catégorie «mineur non accompagné» (MNA) en France, entre la fin du XXᵉ siècle et le début du XXIᵉ siècle, au prisme de l’évolution des modèles de migrations juvéniles. Ce travail démontre que l’émergence de cette catégorie ne résulte pas tant de nouvelles formes de mobilité juvénile mais plutôt d’une reconfiguration des cadres juridico-administratifs internationaux, européens et nationaux, marquée par la Convention internationale des droits de l’enfant (1989) et le durcissement des politiques migratoires européennes. Ces deux objectifs contradictoires génèrent une tension entre les compétences de l’État en termes de migration et celles des départements pour la protection de l’enfance. Ces tensions accroissent la visibilité des jeunes étrangers sans famille et accompagnent une hésitation institutionnelle, marquant un dissensus important au sein de l’autorité publique. Basée sur les archives de la Seine–Saint-Denis, l’étude montre comment des acteurs locaux (travailleurs sociaux, magistrats, associations) ont façonné un dispositif hybride qui combine protection de l’enfance et contrôle migratoire. Elle met en lumière l’arbitrage opéré autour de certains profils (demandeurs d’asile, victimes d’exploitation) au détriment d’autres (errants, délinquants). Pour autant, cette recherche observe une continuité des profils de jeunes isolés étrangers, observés tout au long du XXe siècle. Elle prend en compte les relations entre l’autorité publique, l’enfant et ses parents, qui composent la configuration institutionnelle. Contrairement à une chronologie admise, c’est l’année 2007 qui marque une rupture tant dans la spécialisation des dispositifs que dans l’émergence de nouvelles formes de mobilité. Enfin, elle interroge les effets paradoxaux de ces politiques qui institutionnalisent une protection segmentée, reproduisant des technologies du contrôle migratoire et provoquant un désajustement entre la recherche de réaffiliation par le déplacement du jeune et l’effacement éducatif que ce dispositif dérogatoire entraîne. »
« Des jeunesses des suds en déplacement et l’évolution de la configuration institutionnelle en protection de l’enfance en Seine-Saint-Denis – 1989 à 2019 »
Composition du jury :
- Directeur de thèse : Michel CATALA - PU - CRHIA
- Co-directeur et membre invité : Pierre MONFORTE - Associate Professor - University of Leicester
- Rapporteure : Catherine WIHTOL de WENDEN - Directrice de recherche CNRS HDR - CERI Sciences Po
- Rapporteur : Mathias GARDET - PU - Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis
- Autre membre : Yasmine BOUAGGA - Charge de recherche CNRS - ENS Lyon
- Membre invitée : Estelle d'HALLUIN - MCF - CENS
Résumé :
« Cette thèse explore la genèse et l’institutionnalisation de la catégorie «mineur non accompagné» (MNA) en France, entre la fin du XXᵉ siècle et le début du XXIᵉ siècle, au prisme de l’évolution des modèles de migrations juvéniles. Ce travail démontre que l’émergence de cette catégorie ne résulte pas tant de nouvelles formes de mobilité juvénile mais plutôt d’une reconfiguration des cadres juridico-administratifs internationaux, européens et nationaux, marquée par la Convention internationale des droits de l’enfant (1989) et le durcissement des politiques migratoires européennes. Ces deux objectifs contradictoires génèrent une tension entre les compétences de l’État en termes de migration et celles des départements pour la protection de l’enfance. Ces tensions accroissent la visibilité des jeunes étrangers sans famille et accompagnent une hésitation institutionnelle, marquant un dissensus important au sein de l’autorité publique. Basée sur les archives de la Seine–Saint-Denis, l’étude montre comment des acteurs locaux (travailleurs sociaux, magistrats, associations) ont façonné un dispositif hybride qui combine protection de l’enfance et contrôle migratoire. Elle met en lumière l’arbitrage opéré autour de certains profils (demandeurs d’asile, victimes d’exploitation) au détriment d’autres (errants, délinquants). Pour autant, cette recherche observe une continuité des profils de jeunes isolés étrangers, observés tout au long du XXe siècle. Elle prend en compte les relations entre l’autorité publique, l’enfant et ses parents, qui composent la configuration institutionnelle. Contrairement à une chronologie admise, c’est l’année 2007 qui marque une rupture tant dans la spécialisation des dispositifs que dans l’émergence de nouvelles formes de mobilité. Enfin, elle interroge les effets paradoxaux de ces politiques qui institutionnalisent une protection segmentée, reproduisant des technologies du contrôle migratoire et provoquant un désajustement entre la recherche de réaffiliation par le déplacement du jeune et l’effacement éducatif que ce dispositif dérogatoire entraîne. »
Mis à jour le 14 mai 2025.