Axe 3 : Penser le monde, se penser dans le monde, de l'Antiquité à nos jours

Pour le quinquennal 2017-2021 l’axe 3, dont la conception avait été largement dessinée par Françoise Martinez (La Rochelle) et Annick Peters-Custot (Nantes), avait pour intitulé « Dynamique des altérités : Représentations et gouvernement des groupes culturels et religieux », et pour objet de fournir des sous-axes unissant à la fois les thématiques impériales et un fort caractère transdisciplinaire et transchronologique (La construction de l’autre et la construction de soi / Transfert des idées et des représentations / l’« ethno-géopolitique » des empires). En effet, une des caractéristiques de cet axe était de proposer, entre autres, un travail de fond sur les relations entre vision des communautés et constructions politiques, qui rende compte de la spécificité scientifique du CRHIA dont le positionnement en histoire politique et diplomatique détermine largement cette approche de la gestion politique des enjeux culturels sur le temps long, de l’Antiquité à nos jours. Par ailleurs, particulièrement sensible aux questions de discours, de perception, d’imaginaire, l’axe 3 permettait de faire travailler historiens et civilisationnistes. Nous souhaitons poursuivre dans cette voie pour le nouveau contrat en nous basant sur les acquis du quinquennal qui vient de s’achever et en nous concentrant sur la notion d’empire et la manière dont elle nourrit une expérience plurielle du monde et une vision du monde, qui dépasse les seules données de la politique, de l’administration et de la géopolitique. Cette approche doit nous permette de reprendre les thèmes de la représentation de l’autre et de soi, donc des discours sur les identités individuelles et collectives en construction comme en contact. La colonne vertébrale de cette réflexion repose donc sur les phénomènes de représentations, de discours, et de conceptions collectives et individuelles des ensembles communs et de leur gouvernement, en particulier dans un cadre impérial ou pseudo-impérial, mais aussi dans l’ensemble des champs possibles des dynamiques collectives et sociétales.

L'empire, une vision du monde


Cette thématique, issue notamment de la réflexion de Gilbert Dagron7, envisage l’Empire comme un horizon. Il ne s’agit pas d’opposer ici l’imaginaire au réel, mais de concevoir l’Empire comme une forme politique nécessitant une adhésion et une projection à la fois spatiale et temporelle. On touche ici à l’exploration de l’empire comme horizon des possibles du point de vue des gouvernants, mais aussi objet d’adhésion et de consensus du point de vue des gouvernés. On s’intéressera aussi aux formes et phénomènes de résistance interne que l’Empire peut susciter (résistance passive ou active, imperméabilités culturelles ou rhétoriques, révoltes…). Ce thème inclut donc les techniques de conviction, les stratégies discursives (ce qui inclut le lobbying, dans sa forme contemporaine), les dynamiques de propagandes (jusqu’au soft power contemporain), l’œuvre de la persuasion politique aussi dans une perspective « bottom up » (ou les croyances associées, par exemple, à travers les pratiques « collaboratives » nées de l’apparition de l’internet), par le biais des relais locaux, de l’adhésion des élites locales, des problématiques linguistiques, quelle que soit la période envisagée, quel que soit le régime politique concerné. Enfin, l’attribution rétrospective d’un projet impérial et/ou pluri-ethnique (on pense en particulier à cette accusation qu’une certaine littérature a portée à l’encontre de l’ordre du Temple au XIXe siècle ou au cosmopolitisme de la Constantinople byzantine) doit trouver sa place dans l’analyse des craintes et des imaginaires que suscite l’Empire à l’âge des nations et des nationalismes. 

Identités mobiles, identités vulnérables : construction et contestations identitaires


Ce second sous-axe envisage l’étude des identités individuelles et collectives comme des modes historiques de discours sur soi, les autres, et sur le rapport au monde. On en propose deux lectures complémentaires, dans une logique interdisciplinaire forte, entre histoire, littérature et approche civilisationniste

Penser son histoire


Ce dernier sous-axe entend saisir l’ensemble des phénomènes d’auto-représentation collective par le biais de la construction mémorielle et historique : quels sont les mécanismes et les effets du processus qui conduit à penser, individuellement et collectivement, son passé ? Il s’agit donc ici de constater à la fois des dynamiques historiques et des constructions en cours, en particulier dans le cadre des études sur les modes d’appropriation du passé (le médiévalisme, par exemple) fort en vogue.

Coordinateurs de l'axe 3 :

Mis à jour le 22 février 2024.
https://www.crhia.fr/fr/presentation/axes-de-recherche/axe-3-dynamique-des-alterites-representations-et-gouvernement-des-groupes-culturels-et-religieux